Et si le futur du matériau n'était plus minéral... Mais fongique ?
À l’heure où l’impact environnemental des matériaux de construction est plus que jamais questionné, le mycélium – réseau racinaire des champignons – émerge comme une alternative aussi innovante que naturelle. Cultivable, compostable, léger et performant, il séduit autant les designers que les architectes et les industriels.
Qu'est-ce que le mycélium ?
Le mycélium est la partie souterraine des champignons, une structure composée de filaments appelés hyphes qui colonisent les substrats organiques (copeaux de bois, paille, marc de café, etc.). Ce réseau, invisible à l’œil nu dans la nature, peut être cultivé dans des moules pour générer des formes solides, une fois séché. Il devient alors un matériau léger, rigide, isolant, naturellement ignifuge, et 100 % compostable.
À la différence du béton, du plastique ou de la laine de roche, le mycélium est biosourcé, local, à faible énergie grise, et n’émet aucun polluant en fin de vie.
Un matériau qui inspire déjà les créateurs
Ce matériau organique attire les pionniers du design biotechnologique. Parmi eux, Laurence Saugé, créatrice de Boutures d’objets artiste et designer, travaille à la frontière entre biologie et art. Elle utilise le mycélium comme un véritable médium de création : objets, textures, volumes… Ses œuvres sont à la fois sensibles et visionnaires, portées par une exploration poétique des biocomposites.
« Ce qui m’intéresse dans le mycélium, c’est son langage propre. Il pousse, il vit, il évolue. Il nous oblige à penser autrement la matière », explique-t-elle dans l’un de ses récents posts LinkedIn.
Crédit photo : Boutures d’objets
De la recherche à l'industrialisation
Au-delà des expérimentations artistiques, plusieurs acteurs industriels travaillent à développer des applications concrètes pour ce matériau fongique :
- PLP Labs développe des blocs de mycélium pouvant servir d’éléments de construction ou de design,
- Ecovative, pionnier américain, conçoit des emballages, des panneaux isolants, mais aussi des matériaux pour l’ameublement,
- MOGU, en Italie, propose des dalles acoustiques, des revêtements et des mousses de rembourrage entièrement biodégradables.
Les domaines d’application sont vastes : design mobilier, packaging, construction, scénographie… Le mycélium s’impose comme une réponse aux enjeux de circularité, d’économie locale et de décarbonation.
Crédits photo : PLP Labs, Ecovative, Mogu
AMAT, vigie des matériaux du futur
Chez AMAT, nous repérons, testons et mettons en lumière les matériaux qui ouvrent de nouvelles voies – à la fois esthétiques, durables et fonctionnelles. Le mycélium en fait partie : c’est un matériau d’avenir, mais aussi un manifeste vivant. Il incarne une nouvelle manière de penser la matière, plus respectueuse des cycles naturels.
Et si, demain, l’architecture et le design ne se contentaient plus de limiter leur impact, mais devenaient parties prenantes de l’écosystème vivant ?